Dans cet article de blog, je vous développe les 6 années que j'ai vécu au cœur d'une phobie sociale très handicapante : l'agoraphobie.

L'agoraphobie a pris 6 années de ma vie

Nizuk Prod

L'agoraphobie (phobie sociale)...

Ou la peur irrationnelle de la foule et de s'écarter du lieu de vie.

La personne qui présente de l'agoraphobie craint les lieux publics, souvent parce qu'elle a peur de ne pas pouvoir en sortir facilement ou d'y faire une crise. Une personne qui fait de l'agoraphobie peut par exemple être incapable d'aller faire son épicerie ou d'aller voir un concert.

"La personne qui présente de l'agoraphobie craint les lieux publics, souvent parce qu'elle a peur de ne pas pouvoir en sortir facilement ou d'y faire une crise. Une personne qui fait de l'agoraphobie peut par exemple être incapable d'aller faire son épicerie ou d'aller voir un concert". (Source)

 

Introduction

Il existe autant de phobies que d'être humains sur Terre.

Concrètement, on peut avoir la peur irrationnelle de tout ce qui puisse exister.

Mais lorsque cette peur irrationnelle est une phobie sociale, là ça devient très compliqué d'évoluer (en société justement) et c'est un problème extrêmement handicapant pour la vie de tous les jours comme pour tout projet de vie.

Je vais donc vous raconter dans cet article de blog, mon passage de six longues années au cœur de l'agoraphobie et à quoi ressemblait mon quotidien, ainsi que ce que je ressentais au plus profond de mon être durant ces années...

L'agoraphobie peut empêcher une personne de s'écarter de son lieu de vie qui est alors considéré comme le noyau de sa zone de confort.

L'agoraphobie peut empêcher une personne de s'écarter de son lieu de vie qui est alors considéré comme le noyau de sa zone de confort.

 

Avant l'agoraphobie

Si vous écoutez ma musique, vous n'êtes pas sans savoir que ma vie a toujours plus ou moins baigné dans un soin psychique nécessaire.

Ainsi, je pense personnellement que j'ai toujours eu des prédispositions à devenir agoraphobe.

Comme me l'a clairement dit le psychiatre qui me suivait au début de ma période d'agoraphobie :

- "L'agoraphobie, chez toi, n'est pas venue par hasard".

J'ai toujours été plus ou moins inhibé, assez mal à l'aise dans toute situation ou le social à son importance (repas de famille dans lesquels je ne restais jamais longtemps, à l'école au fond de la classe fuyant les repas à la cantine bien qu'ayant faim, un stress immédiat dès qu'il fallait répondre à un inconnu...).

Je n'ai jamais été quelqu'un de très démonstratif, j'ai toujours plutôt préféré un certain réconfort à me sentir dans ma propre bulle plutôt que d'avoir un groupe de copains/copines avec qui on va faire des activités comme aller au cinéma, par exemple.

En fait, je pense que ma personnalité était un terrain propre à faire germer une agoraphobie, mais je ne l'ai su qu'après bien sûr.

Les symptômes d'une crise de panique vont du pouls qui s'accélère à la sensation d'étouffer.

Les symptômes d'une crise de panique vont du pouls qui s'accélère à la sensation d'étouffer.

 

Un choc émotionnel, puis la première crise de panique

Je ne sais pas trop si c'est ce même cas de figure qui revient pour chaque agoraphobe, mais dans mon cas, un choc émotionnel aurait été la source de mon entrée dans l'agoraphobie.

A partir de l'instant de ce choc émotionnel, il a fallu 3 semaines pour que je fasse une crise de panique en pleine rue, et c'est un délai assez "lambda" selon le psychiatre qui me suivait à l'époque (nous étions alors en 2008, j'avais 18 ans), pour qu'une phobie sociale s'installe en nous.

Les symptômes d'une crise d'angoisse terrible, que je ne connaissais pas d'une façon aussi extrême étaient chez moi : le battement cardiaque qui semble être à son maximum avant de lâcher (je n'avais vraiment jamais eu un pouls aussi rapide auparavant, c'était terrifiant), le tournis et l'impression de s'évanouir, et en même temps le fait de devoir faire comme si tout allait bien (par honte d'être dans ce genre d'état auprès des passants) n'arrangeant rien.

Un agoraphobe n'est pas forcément casanier, il subit un état qu'il n'a pas choisi.

Un agoraphobe n'est pas forcément casanier, il subit un état qu'il n'a pas choisi.

 

Le quotidien d'un agoraphobe

Une fois diagnostiquée, mon agoraphobie s'est révélée très handicapante pour ma vie de tous les jours.

Imaginez un peu : j'avais 18 ans, c'est l'âge où l'on étudie, où l'on s'amuse, où l'on découvre des choses nouvelles...

Et moi j'étais cloîtré entre les 4 murs de ma chambre à enchaîner clopes sur clopes.

Il m'arrivait au début de mon agoraphobie de faire des crises d'angoisse, même en étant coupé de tous liens social.

Il fallait alors que je plonge ma tête sous l'eau froide, avec le jet d'eau de la douche pour m'obliger à prendre de grandes inspirations et me calmer de cette façon.

Mais, étant quelqu'un d'assez combatif dans la vie, je me forçais parfois à sortir de chez moi.

Chose importante à savoir, autour de mon appartement, la zone où je me sentais en sécurité n'excédait pas un rayon de plus de 10 mètres, et lorsque je franchissais cette limite (invisible aux yeux de tout le monde, mais si terrifiante pour mon esprit malade), s'amenait une nouvelle crise d'angoisse comme pour me faire rentrer chez moi, comme si un danger de mort imminente (qui n'existait pas) était perçu par mon psychisme.

Je ne vais pas résumer ces 6 ans de ma vie, jours après jours, semaines après semaines, mois après mois, mais simplement vous raconter d'autres anecdotes comme les fois où, posté juste en bas de chez moi, il suffisait qu'une personne, un passant s'approche de moi pour qu'immédiatement les battements de mon cœur s'accélère.

J'étais plus qu'à fleur de peau, c'était un trouble que je devais par tous les moyens combattre, coûte que coûte car il était hors de question que je ne puisse plus retrouver un semblant de ma vie d'avant avant de mourir.

Le fait de ne pas sortir nous conforte dans notre agoraphobie : c'est un cercle vicieux.

Le fait de ne pas sortir nous conforte dans notre agoraphobie : c'est un cercle vicieux.

 

Les soins psychiatriques

C'est vers 2014 que j'ai cru apercevoir le bout du tunnel.

Etant aidé par des traitements médicamenteux (des anti phobiques, entre autres), des rendez-vous réguliers chez un nouveau psychiatre, bien que j'avais beaucoup de mal à y aller, étant toujours très phobique de tous liens sociaux.

Néanmoins, je sortais de plus en plus dans ce périmètre que je connaissais par cœur, ce rayon de 10 mètres autour de chez moi.

Lors d'une après-midi, mon meilleur ami de l'époque, qui, lui, me comprenait plus qu'un autre, me motivait à aller sur Paris pour une soirée Open-Mic Hip-Hop (c'était à Charonne, dans le 10ème), après qu'un contact Facebook m'y ai invité.

- "Allez, viens on y va, t'inquiète ça va être cool !"

Du coup, j'ai pris mon courage à 2 mains, et j'y suis allé.

C'était la première fois que je prenais le train depuis des années...

Pas très à l'aise, mais la présence de mon ami m'accompagnant me rassurait un peu.

Arrivé sur place, j'avais l'impression de redécouvrir la vie :

- "Le temps ne s'était arrêté que pour moi, les autres avec continué à vivre ces 6 dernières années".

Nous étions en 2014, et c'est aussi là que j'ai rencontré Zak, la personne qui a tourné mon clip "Puni de Sortie" qui parle justement de ce sujet et qui est disponible sur YouTube en cliquant ici ou visible ci-dessous.

Découvrez ci-dessus le clip de Nizuk, Puni de Sortie, traitant du thème de l'agoraphobie.

Cette soirée s'est passée plutôt très bien pour moi, sans trop d'embûche ou d'angoisse, et ce qui me paraissait irréalisable a fini par se faire.

J'en ai tiré un sentiment de fierté, bien que ce que j'avais dû accomplir était déjà "normal" pour quasiment tout le monde...

L'agoraphobie n'est pas uniquement la peur de la foule, mais aussi la peur de s'éloigner de chez soi.

L'agoraphobie n'est pas uniquement la peur de la foule, mais aussi la peur de s'éloigner de chez soi.

 

La voie de la guérison

Je dirais que pour guérir de ce trouble, encore une fois, fortement handicapant, il faut garder 4 idées en tête :

  1. - Vouloir se battre, même si le combat semble orienté sur une plus ou moins grande partie de soi-même.
  2. - Toujours avoir l'espoir de se sortir de cercle vicieux infernal qu'est l'agoraphobie.
  3. - Accepter l'aide de l'extérieur (médecins, traitements médicamenteux, famille, amis...)
  4. - Traduire ses volontés de s'en sortir en se confrontant à son agoraphobie, étape par étape, comme lorsqu'on monte sur une échelle en ayant peur du vide, on commence par les premières marches...

Voir le monde vivre à travers la fenêtre alors qu'on est agoraphobe peut parfois être aussi difficile à vivre.

Voir le monde vivre à travers la fenêtre alors qu'on est agoraphobe peut parfois être aussi difficile à vivre.

 

Conclusion (8 ans après la fin de l'agoraphobie)

Je mentirais si je disais qu'aujourd'hui je suis quelqu'un de très extraverti bien sûr, mais aujourd'hui je peux sortir n'importe où sans aucun problème.
Je peux aller à des concerts, comme chez des disquaires de vinyles, en passant par les bars mondains, et prendre les transports (même l'avion).

Même si j'ai toujours plus ou moins une phobie sociale, je peux dire que l'agoraphobie pure et dure elle, est derrière moi.

Je dirais même que j'en suis sorti plus fort qu'avant, car il m'arrive encore, comme tout le monde de manifester un fort sentiment d'angoisse parfois (face à une peur existante, et non irrationnelle), mais mon psychisme est désormais plus fort.

"On a toutes et tous été confiné durant l'année 2020.

Imaginez si le confinement avait duré 6 ans.

C'est ce que j'ai vécu entre 2008 et 2014".

Merci à ceux qui auront lu cet article de blog, n'hésitez surtout pas à laisser votre commentaire plus bas, je le lirai et y répondrais volontiers.

Les crises de panique sévères et le fait de fuir ces crises en restant chez soi, nous conforte dans l'agoraphobie.

Les crises de panique sévères et le fait de fuir ces crises en restant chez soi, nous conforte dans l'agoraphobie.

 

Est-ce que vous êtes, ou avez été, agoraphobe ?

Est-ce que vous connaissez un(e) agoraphobe ?

Laissez moi votre témoignage dans un commentaire ci-dessous !

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3 commentaires

Bonjour, je viens de tomber sur ton Blog, j’ai été touché par tout ce que tu as écrit, car je m’y retrouve aujourd’hui… , et cela depuis quelques mois dans une hyper vigilance quotidienne à l’extérieur. C’est tellement difficile de ressentir des angoisses qui survienne dans cause traumatique et totalement déconcertant. Je me dynamique chaque jour pour sortir un peu en évitant les lieux qui m’effraie, j’ai l’impression de ne plus être moi-même de ne plus être vivante, et d’être limite.. , pourtant d’un naturel optimiste, il y a des jours plus simple que d’autres dans les pas que je m’efforce de faire. Car ayant des troubles cardiaques je doit pratiquer la marche. Qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur de ton côté ? au plaisir de te lire. Marine

FAURE

MERCI pour ces, tes, informations… OUI pas facile d’être Conscient … Suite à un Accident de voiture en tant que passager depuis le 22 Mai 2023(Stress post Traumatique) ma Vie "Sociale " s’est arrêtée… De nature très Optimiste, voire même cette insolence en la Confiance en la Vie… A ce jour je Suis suivi sans résultat, voire même pire… Le CHOC a impacté mille et unes angoisses qui sont remontées en surface… Dans l’Espoir certain DE TROUVER UNE VRAI E SOLUTION…Bien à toi …

Patrick Saiag

Merci de partager ton expérience agoraphobie, c’est vraiment important. Wonderfully written! J’espère que je pourrai être comme toi dans le futur avec mon agoraphobie. Art saves lives!! Your art is important ! Don’t ever stop !

Charlotte Farhan

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